Bélézia T1 Destin opposés de Guillaume Bagnol

 

Ce premier tome de Bélézia, comme son titre « Destins opposés » l'indique, propose non pas une mais deux histoires parallèles de deux deux hommes que tout oppose, mais qui ne peuvent que s'affronter d'une manière ou une autre. Deux vies pourtant complémentaires altérées par les conséquences de la magie.

Le narrateur de l'histoire est l'un d'entre eux, même s'il n’apparaît pas immédiatement dans le récit. Il faut d'ailleurs un temps pour l'identifier et comprendre pleinement sa situation. Le récit commence avec l'autre moitié de ce binôme : l'anti-héros, sombre et violent, avide de vengeance : Goldar Solayre.

Goldar, ancien bagnard, en froid avec son meilleur ami (son ancien supérieur de l'armée et nouveau beau frère), a été exilé par les Spiréliens, les habitants de son village dont il rêve de se venger. Il s'allie avec les rebelles autezards et Xandros, mystérieux sorcier aussi sournois que nocif. Pris dans un cycle de violence et de vengeance, atteint par son utilisation prolongée et intensive des sa magie du vide et des machinations de Xandros, on assiste à une progression parallèle de la folie de Goldar et de sa monté en puissance. Cette folie ravageuse le pousse au massacre et à l'utilisation d'une étrange invention maniant le temps.

C'est 150 ans dans le futur que l'on retrouve son « opposé », et celui qui prendra sa place de héros au fil de l'intrigue Baalest. Cependant à son réveil, il ne se rappelle de rien. Il démarre sa vie à zéro. Il nous emmène donc au fil de ses errances et de ses rencontres dans un monde où l'ombre de Goldar sème la terreur. Ses compagnons de voyage deviennent vite des amis et une vrai famille. Les liens se créent, se tissent et une romance s'installe même petit à petit, un peu maladroitement vu l'ignorance de Baalest et c'est très touchant. J'ai apprécié les personnages de ce récit. Ils ont vraiment bien mis en place et très attachants.

Si d'un côté Baalest apprivoise sans mal ses compagnons de route par sa gentillesse, sa douce naïveté. D'un autre Goldar garde les siens sous son emprise que ce soit par loyauté ou essentiellement par la magie et autres sortilèges. Seul le sorcier reste silencieux à ses caprices et répond à ses demandes en suivant ses propres plans. Ceux ci restent bien mystérieux et j'imagine bien un développement autour de ce personnage, dans les prochains tomes.

Si la vengeance et la quête sont les thèmes principaux de ce roman, guerre et magie y tiennent également une place très importante. La magie abordée par l'auteur est organisée et précise. La magie du vide utilisée par Goldar est aussi puissante que controversée. Elle lui permet de créer des machines infernales et créatures féroces et presque invincibles. D'autres magies plus lumineuses ou paisibles existent également au sein d'une société construite autour d'elle.

L'univers de ce récit se met en place peu à peu. On voyage avec les personnages, découvrent des lieux, villages, villes et forêts avec une faune et une flore diversifiée.

Les personnages vivent l'instant présent et le récit reste assez linéaire, sans vraiment de visibilité des enjeux, si ce n'est le combat inéluctable entre notre héros et son grand ennemi. Si certains moments ne manquent pas d'émotions, ainsi que d'ambiances tantôt paisibles, tantôt joyeuses ou plus offensives, il m'a manqué ce petit élément supplémentaire : le but poursuivis par les personnages, la finalité du récit. Cela ne nous empêche toutefois pas de passer de très bons moments en compagnie de Baalest et ses compagnons et de trembler devant la folie destructrice et incontrôlable de Goldar.

La narration alterne les points de vue des deux protagonistes principaux, mais si le début du récit laisse la part belle à l'histoire de Goldar (fondatrice du récit), elle passe ensuite principalement du point de vue de Baalest. De courts passages du point de vue de Goldar entrecoupe les chapitre et rythment le récit.

La plume de l'auteur est riche, très soignée et les dialogues naturels.

Le récit se lit avec fluidité et plaisir, mais certains passages m'ont laissé confuse. C'est totalement subjectif, bien sûr. J'ai eu du mal avec le changement de chronologie et l'arrivée soudaine de Baalest à l'âge adulte. J'ai manqué de repères temporels. Certaines scènes m'ont également un peu perdue et j'ai eu du mal à les visualiser.

En conclusion, le Bélézia est un début de saga prometteur et qui pourrait intéresser les amateurs de fantasy et d'aventures épiques. Les personnages sont vraiment intéressants et je les ai beaucoup apprécié. Si c'est très bien écrit, mon seul bémol serait l'organisation de la narration et sa linéarité.

Ce fut tout de même une lecture de qualité et agréable et je vous recommande de vous faire votre propre avis sur celle ci.